Universiterre - Association Ecologie Sorbonne

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dimanche 31 mai 2009

"HOME"

« Home » est un film réalisé par Yann Arthus-Bertrand et produit par Luc Besson. C’est un documentaire réalisé uniquement à partir d’images aériennes qui à pour but de faire comprendre les enjeux du réchauffement climatique.


Le film sortira le 5 juin dans le monde entier sur tous les supports (DVD, Internet, Cinéma, Télévision) et disponible gratuitement !


Connaissant le travail de Yann Arthus Bertrand pour ces clichés de la Terre vue du ciel, je m’attends à un film avec des images magnifiques.


Bande annonce : ici
Site : ici


Wait & See ;)



jeudi 21 mai 2009

La terre et ses ressources - Cité des sciences, Paris

Une exposition à voir à la Cité des Sciences et de l'industrie : voir ici.


Pour l'instant nous ne sommes pas allés voir cette expo, nous ne manquerons pas de vous tenir informé de nos impressions. Si vous y êtes déjà allé, réagissez !!

mercredi 20 mai 2009

Le surremballage

Les commandes en ligne sont-elles plus écologiques que les achats en magazins?
Le packaging est mis en cause, les transports aussi...
A lire sur le Blog des inventeurs, en cliquant .

lundi 18 mai 2009

L'Union est la bonne échelle pour marier croissance verte et décroissance sélective

(Article paru dans Le Monde du 14.05.09)

Il en est de l'Europe comme de la politique : si on ne s'occupe pas d'elle,
elle s'occupe de vous. Un seul exemple, en France, 80 % de la législation
environnementale provient du droit communautaire. A l'approche des élections
européennes, l'intérêt pour cette échéance me semble inversement
proportionnel à l'importance du rôle crucial que cet espace politique et
géographique peut et doit jouer, pour sortir le moins mal possible de ce
carrefour de crises où nous sommes englués. Que l'on soit peu, pro ou
anti-européen, l'Europe est une réalité en marche qui détermine et
conditionne notre avenir, et l'ignorer, c'est se livrer sans contrôle à son
pouvoir et à sa puissance.


C'est à Strasbourg et à Bruxelles que se joue une grande partie de notre
avenir. La responsabilité de celles et ceux que nous enverrons nous y
représenter est immense. C'est dans ce périmètre que peuvent émerger les
prémices d'une société réconciliée avec sa planète et donc avec elle-même.
Encore faut-il que ceux que nous aurons élus ne se trompent pas sur
l'origine du mal contre lequel nous luttons.

Chacun doit s'astreindre à un diagnostic rigoureux pour clairement trancher
sur la question de savoir s'il faut changer le système ou de système. Si
dorénavant c'est bien l'épanouissement du genre humain qui doit cristalliser
toutes les décisions politiques et non plus le profit, l'accumulation et le
toujours-plus.

Au moment où l'humanité affronte, notamment avec les changements climatiques
et la perte de son capital naturel qui s'ajoutent et se mêlent aux autres
crises, la situation la plus critique et complexe qu'elle ait jamais connue,
quelles réponses proposent les uns et les autres ? Sommes-nous toujours dans
l'épaisseur du trait ?

Au-delà des dogmes et des filiations idéologiques qu'il me semble presque
indécent d'agiter, tant les contraintes majeures imposent de fait une
certaine radicalité dans les options, nous devons être intransigeants dans
nos questionnements et nos choix à l'approche de ces élections. La pyramide
de complexité et la gravité des menaces nous obligent à ne pas nous
accommoder de recettes éculées, de vulgaires corrections de trajectoire, de
solutions pensées dans des moules périmés. Il nous faut nous déconditionner
et envisager tout de suite qu'un autre modèle est non seulement possible,
mais incontournable.

Une question centrale, la croissance est-elle la solution ou le problème ?
Nous nous heurtons aux limites de la planète. Un élève de CM1 peut
comprendre que, si notre appétit augmente sans cesse alors que notre potager
est à taille fixe, il n'y a pas de dénouement heureux. Posée autrement,
quelle est la contrainte économique qui prime : la taille des chaluts ou le
nombre de poissons restants ?

La croissance verte est-elle le remède miracle que certains vantent ? Pour
être franc, en l'état, j'en doute. En ce sens qu'elle donne l'illusion qu'on
pourrait déplacer la croissance sur d'autres registres de production et de
consommation, remplacer une expansion par une autre, sans reproduire les
mêmes effets. Comment prospérer sans croître ? Là est l'équation écologique.

J'envie ceux qui y voient clair dans cette opacité et cette confusion. La
seule certitude, c'est que notre modèle s'est empoisonné avec ses propres
toxines et démontre un peu plus à chaque seconde son obsolescence. Je crois
que nous devons admettre qu'il y a des parcelles de solutions chez les uns
et les autres et que l'assemblage reste à faire. Mais que ces fragments ne
sont pas forcément là où on les attend.

Devant l'inattendu, il faut s'ouvrir à l'inédit et admettre que, en marge de
nos modèles et de nos sphères classiques d'expression et de réflexion, il y
a des esprits créatifs, inventifs auxquels nous devons nous ouvrir. Au
moment où les adeptes de la décroissance voient leur argumentaire conforté
par la réalité, y a-t-il une alternative entre la décroissance subie ou non
dite, comme l'est la récession actuelle, et la décroissance conduite, pour
laquelle j'avoue pour l'heure ne pas voir comment spontanément et
démocratiquement elle pourrait être mise en oeuvre ?

Peut-être la croissance sélective doublée d'une décroissance choisie
est-elle l'ultime voie. Un nouveau chemin où l'on procède individuellement
et collectivement à des renoncements et à des acquiescements. Un tri
rigoureux pour nous mobiliser sur l'essentiel et passer du maximum à
l'optimum.

Une sélection en fonction des critères environnementaux et énergétiques (le
facteur de charge de la planète) croisés avec une vision renouvelée du
progrès qui place le bien-être de tous les hommes comme critère premier. Un
arbitrage humaniste qui peut redonner à la politique sa dimension complète
et qui agrégera les énergies dispersées.

Tout cela pour dire que nous devons distinguer avec exigence, dans les
manifestes et programmes des uns et des autres, ceux qui font de la crise
écologique la contrainte majeure. Ceux qui ont compris que la crise
économique ne doit pas minorer la crise climatique, mais au contraire la
mettre en exergue. Ceux qui pensent que le dénominateur commun à tous nos
maux, c'est notre inaptitude à la limite. Et que c'est à la puissance
publique démocratiquement de fixer et de faire appliquer ces seuils. Ceux
qui sont convaincus de longue date que l'humanité a deux urgences à réaliser
qui se conditionnent l'une l'autre : préserver et partager ; en ce sens, les
enjeux écologiques et de solidarité sont intimement liés. Comment partager
si, demain, la responsabilité des Etats se résume à gérer une addition de
pénuries ?

Au passage, cela compromettrait la vertu première de l'Europe,
l'enracinement de la paix. La sobriété et la régulation, qui vont de pair,
sont une exigence des stratèges de la paix. Raison de plus pour revenir à la
noblesse de l'économie. Une économie qui change de boussole et qui
n'attribue plus de la valeur qu'aux seul argent ou biens produits, mais
aussi et surtout à l'Homme et à la Nature.

Et dans cet impératif, le poids de l'Europe est essentiel et, dans l'Europe,
aux fondements désespérément ultralibéraux, les ambassadeurs d'une économie
qui protège sans concession et qui distribue équitablement sont
indispensables. Cherchez-les, ils existent !





vendredi 15 mai 2009

Vers un Grenelle de l’environnement européen ?


Le Grenelle de l'environnement a été l'occasion de réunir autour de la table des acteurs méconnus du développement durable : les syndicats. Rencontre avec J.P Bompard, délégué CFDT à l'énergie, à l'environnement et au développement durable.



De quand date l’intérêt de la CFDT pour le développement durable ?


" La CFDT a fait du développement durable bien avant de lui donner ce nom. Elle s’est depuis longtemps préoccupée des conséquences du progrès technique, de son impact globale sur la société : déchets et risques industriels… Si l’on prend l’exemple de l’énergie nucléaire, qui est un terrain sensible, dés 1974 et le plan Mesmer, nous avons posé le problème de la sécurité des centrales, celle des employés mais aussi celle de toute la population. "


Etes-vous le seul syndicat à vous mobiliser sur ces questions ?


" La CGT est elle aussi mobilisée sur ce thème. Contrairement à elle, nous n’avons jamais eu une croyance absolue dans le progrès technique. D’autres syndicats comme la CGC, la CGE ou FO sont partie prenante mais sont un peu plus en retrait, car ils considèrent cela comme de la gestion… Le plus dur reste de faire appliquer cela au niveau des équipes locales.

Au niveau de la Confédération européenne des syndicats, on retrouve cette préoccupation même si les intérêts divergent, comme par exemple entre syndicat de l’automobile allemand et français. "


Le réchauffement climatique pose le problème de manière encore plus globale et sur le long terme…


" La question du réchauffement climatique est pour nous considérable. Cela n’est plus une hypothèse, c’est une donnée dans laquelle, action économique, sociale et environnementale doivent se situer. Cela veut dire que l’on doit revisiter nos convictions et nos pratiques syndicales à la lumière de cette question. On s’efforce de l’aborder directement au niveau européen par l’intermédiaire de notre travail au sein de la Confédération européenne des syndicats. Dans ce domaine, le bon espace d’intervention est l’espace européen. C’est l’Europe qui a ratifié Kyoto, c’est elle qui prépare l’après Kyoto. La France doit avoir une politique propre mais intégrée à l’échelle européenne. "


Un Grenelle de l’environnement européen serait-il envisageable ?


" L’appellation Grenelle renvoie à un évènement bien français ! Fonctionner de manière globale, comme on a pu le faire au moment du Grenelle de l’environnement est très lourd... Faut-il embrasser tous les thèmes ou avoir un débat à 27 sur quels doivent être les transports de demain pour respecter les engagements de la commission européenne concernant la réduction des émissions des gaz à effet de serre ? L’Europe doit être le moteur des négociations post-Kyoto en 2012, car un accord mondial est nécessaire. Les Etats-Unis, la Chine et l’Inde doivent intégrer ce processus. Il faut arriver à un marché mondial du carbone. "


Peut-on allier compétitivité économique et développement durable ou bien faudrait-il faire appel à une décroissance ?


" Je crois que la thèse de la décroissance n’est pas une bonne manière d’aborder les choses. Le mot décroissance est un mot qui dans les syndicats fait peur car il fait référence à des périodes de récession économique donc de chômage. Les indicateurs de croissance économique habituels ne sont plus valables. Le PIB n’est pas le bon reflet de ce qu’est un développement économique. Construisons d’autres indicateurs. C’est d’ailleurs une bonne initiative du président de la république d’avoir nommé une commission pour réévaluer la notion d’approche de la richesse. Actuellement tout repose sur la richesse marchande. Il faut un nouveau contenu à la croissance."


Une économie décarbonnée est-elle synonyme de chômage ?


" Lorsque l’on dit développement durable, l’on sait que cela va modifier le tissu économique et donc avoir des conséquences sociales. Nous n’avons pas une conception du développement durable « naïve » mais plutôt de « tensions » entre les trois piliers que sont l’économique, le social et l’environnemental. On ne peut pas rendre crédible les objectifs environnementaux si l’on a pas de bons outils sociaux ! Il faut intégrer les questions environnementales dans le dialogue social. On ne peut pas imaginer que les choses vont se passer de manière simple. Le transport est l’un des secteurs clé. Quand on dit qu’il faut réduire de manière significative les gaz à effet de serre, cela veut dire que tout ce secteur économique va être bouleversé. Dans le bâtiment, la question qui se pose est celle de la qualification de la main d’œuvre, du recrutement. Cette rupture va être créatrice d’emploi. "


Propos recueillis par Olivier Moulergues


Jean-Pierre Bompard interviewé au moment du Grenelle de l'environnement : http://tf1.lci.fr/infos/sciences/0,,3597073,00-cfdt-avenir-grenelle-passe-par-europe-.html

Pour un nouvel indicateur économique européen


« La Terre sinon rien » est une liste défendant le Bonheur intérieur brut, indicateur économique prenant en compte les richesses écologiques et sociales non-marchandes. Rencontre avec Françoise Castany, avocate et tête de liste pour les élections européennes de juin 2009.



Quel parcours personnel vous a-t-il conduit à devenir une militante écologiste ?


« Je ne me sens pas militante écologiste. Je me sens citoyenne de la terre c’est tout. J’ai d’abord travaillé comme attaché de presse dans différents cabinets ministériels puis au sein de grandes entreprises. Je n’avais pas d’intérêt particulier pour l’écologie et trouvais ça plutôt ennuyeux. Ma passion pour la plongée sous-marine m’a conduite aux quatre coins du globe. C’est en pratiquant ce sport que je me suis rendue compte des dégâts sur les récifs coralliens et de l’extinction des requins. On ne peut pas massacrer des choses aussi belles pour rien. Si au moins on faisait péter la planète et qu’on s’amusait ! »


Pourquoi centrer votre programme sur un nouvel indicateur économique ?


« Je ne crois pas aux lois écologiques sectorielles et nationales. Ce qu’il faut changer c’est la logique économique donc la mesure de la richesse. Cela conditionne tout le reste. Les nouveaux indicateurs économiques inciteront les gouvernements à subventionner plus l’agriculture biologique, les énergies renouvelables, les transports en commun et la recherche. L’agriculture biologique, les énergies renouvelables et les transports en commun créant plus d’emploi que les secteurs conventionnels, le chômage se verra du même coup atténué. C’est comme cela que l’on crée un cercle vertueux. »


Le Bonheur intérieur brut est-il une mesure réaliste ?


« La notion de Bonheur intérieur brut a été conçue pour le petit royaume du Bhoutan, elle n’est donc pas transposable à l’Europe entière. En revanche, cela symbolise notre volonté d’en finir avec le PIB. Le PIB a été conçu après 1945 dans un stade de développement différent d’aujourd’hui. Aujourd’hui, on ne peut pas continuer avec un indicateur qui donne la même valeur aux produits polluants ou à la chimie verte, à la dépollution ou à la protection des milieux et qui ne comptabilise pas les services rendus par les écosystèmes ou le travail bénévole. Une pondération doit exister entre les différentes formes de croissance. »


Comment instaurer ce Bonheur intérieur brut ?


« En faisant voter une loi européenne qui contraigne les dirigeants des Etats membres à adopter des indicateurs économiques qui prennent en compte richesses écologiques et sociales. Les résultats de la commission Stieglitz pour la mise au point de nouveaux indicateurs de progrès économique et social commandés par Nicolas Sarkozy, doivent être appliqués au niveau européen. De nombreuses personnes, comme Patrick Viveret, ont déjà travaillé sur le sujet, maintenant il faut agir ! »


Rien n’a été tenté par les politiques jusqu’à présent ?


« Si les politiques et les partis avaient encore en tête l’intérêt général, il n’y aurait pas besoin de parler d’écologie. L’écologie n’est que l’intérêt général à long terme, elle n’est ni de gauche ni de droite. La perversité du système actuel est de nous faire croire qu’il n’existe rien d’autre de possible. »


Que pensez-vous de la Décroissance ?


« Je ne sais pas ce que l’on appelle la décroissance et je me méfie des mots qui créent des clivages. Je suis pour la décroissance des imbécillités. Ça c’est sûr. Il faut d’abord inciter les gens à consommer mieux. Cela peut-être moins mais pas seulement. Une démarche collective qui ne se base pas sur une démarche individuelle, c’est le retour de la dictature. Nous devons arrêter la croissance des produits inutiles. Le coût de l’impact écologique et social des produits que nous achetons doit être comptabilisé dans leurs prix. »


Propos recueillis par Olivier Moulergues

Conversion écologique et économie européenne


Pascal Canfin, journaliste à Alternatives économiques, troisième sur la liste Ile-de-France « Europe Ecologie » aux européennes, nous dévoile ici sa vision d'une économie écologique européenne.


L'engagement politique vous semble t-il la " voie royale " pour mener votre combat ?

« Pour être tout à fait honnête je préférerais m’occuper de mes enfants que de faire de la politique... Malheureusement, je constate que les partis politiques traditionnels, de gauche comme de droite, ne prennent pas en compte l'impératif écologique. Au sein d’Europe Ecologie, de nombreux responsables associatifs ont fait le même constat et s’engagent, pour la première fois, en politique.

La politique est l’un des trois leviers pour changer la société, avec les comportements individuels et les entreprises.

S’il y a une volonté de changement au niveau individuel (se passer de voiture, consommer local, rénover sa maison…) mais que les politiques publiques ne font rien pour rendre ces nouveaux comportements possibles (en développant les transports en commun, en modifiant la politique agricole commune, en finançant l’isolation des bâtiments…) alors la bonne volonté reste virtuelle.

S’il n’y a pas d’entrepreneurs pour développer des produits verts, des agriculteurs pour faire du bio, des artisans pour poser des isolants..., là encore, le changement n’a pas lieu. »


Qu'est-ce qu'une économie écologique ?

« C’est une économie au service de finalités qui ne sont pas économiques : bien-être, qualité de vie, autonomie et dignité des personnes, respect des grands équilibres naturels… Concrètement cela signifie que les mécanismes économiques doivent être soumis à d’autres impératifs que le toujours plus.

Cela passe par un changement d’indicateurs. D’un objectif de croissance du PIB, il faut passer à un objectif de décroissance de l’empreinte écologique et d'augmentation du bien être. Nos sociétés n’ont jamais été aussi riches et pourtant nous continuons à être obsédés par la richesse, par l’avoir, par le toujours plus. La crise doit être l’occasion de se reposer la question du sens et de la répartition des richesses. C’est pour cela par exemple qu’Europe Ecologie soutient la proposition d’un revenu maximum admissible. »


Le contexte vous semble t-il favorable à une reconversion écologique de l'économie européenne ?

« Oui, plus que jamais. Chacun sent bien que la crise actuelle n’est pas conjoncturelle. Nous sommes dans une crise du système libéral, productiviste et inégalitaire. L’avenir, ce n’est pas la relance, mais la conversion de l’économie. L’idée qu'il faut traiter de pair, crise économique et crise écologique est en passe de devenir majoritaire. Plusieurs enquêtes d’opinion le montrent. Les partis politiques traditionnels sont très en retard. Les élections européennes sont le moment idéal pour leur envoyer ce signal ! »


Reconvertir la production ne suffit pas, comment réduire la consommation ?

« Il ne s’agit pas seulement de transformer notre consommation mais aussi de la réduire. Nous sommes favorables au triptyque : consommer mieux, consommer moins, consommer tous.

Mieux c’est à dire des produits de meilleure qualité sociale et environnementale.

Moins c’est se poser la question de l’utilité de la consommation et de son empreinte écologique globale. Cela implique pour les classes moyennes des pays riches, de renoncer à un certain nombre de consommations.

Tous, c’est bien sûr poser la question des inégalités et de la redistribution. Prenons un exemple : imaginez une société de deux personnes qui produit 100 de richesse, répartie en 99 pour l’un et 1 pour l’autre. Si vous voulez doubler le revenu (la consommation) de la seconde, il y a deux options : doubler la production globale (ce qui donne 198/2) ou changer la répartition des revenus (98/2). Pour le riche ça n’a rien à voir, pour le pauvre c’est équivalent. Et pour la planète, c’est évidemment préférable. »


Pascal Canfin vient de sortir un nouveau livre : "Le contrat écologique pour l'Europe" aux éditions Les petits matins, qui décline et illustre le programme d’Europe Ecologie.


Propos recueillis par Olivier Moulergues

Le réveil tardif de la France

En France, pas de grands espaces à conquérir, ni de nature vierge à protéger mais une obsession : l’aménagement du territoire. Après guerre, on reconstruit et industrialise. Certains commencent aussi à remettre sérieusement en doute la croyance invétérée au progrès.

Jacques Ellul et la "Civilisation de puissance"

En 1954, Jacques Ellul, grand pourfendeur de la « civilisation de puissance », réussit à publier son livre « La technique ou l’enjeu du siècle » après quatre ans d’échec. Au moment même où la France rentre dans l’ère atomique, un individu se dresse contre la société technicienne. Il s'oppose à une conquête de la puissance pour la puissance qui aliène l'homme. Comme l’avait fait dans les années trente Georges Duhamel, il dénonce les mirages d’un mode de vie basé uniquement sur la satisfaction matérielle.

L’homme a un parcours atypique. Initialement protestant, il devient communiste et aide les républicains espagnols. Après guerre, il est professeur d’histoire des institutions politiques à Bordeaux et envisage avec son vieil ami Bernard Charbonneau, de fonder une école qui réunirait les opposants au « totalitarisme technologique ». Le projet capote mais sa marque de fabrique anti-technocratique demeurera. Ironiquement, il sera plus connu aux Etats-Unis, pays au modèle qu’il réprouve, qu’en France.

Bertrand de Jouvenel et la contestation du tout-économique

Bertrand de Jouvenel fait partie des résistants à la béatitude industrielle. Après des heures troubles sous l’occupation, il publie en 1957 « Arcadie, essais sur le mieux-vivre ». Sa grande idée est de remettre en cause l’indépendance de l’économie par rapport au monde. Il s’oppose ainsi aux deux grandes idéologies du moment : le marxisme et le libéralisme. Pour chaque richesse produite, il remarque des richesses détruites non prises en compte car gratuites. Ainsi en est t-il des différentes pollutions de l’air, de l’eau et du sol.

Son attirance pour les statistiques et les chiffres le conduit aussi à fonder le cercle de réflexion « Futuribles », qui publie des analyses sur les futurs possibles. Il est membre fondateur du fameux « Club de Rome » fondé en 1970 dont la devise est « Pas d’opposition aveugle au progrès mais une opposition au progrès aveugle ». Déçu du rapport de 72, il préfère la notion de bien-être à celle de développement économique.

L'environnement, affaire d'Etat

De l’apanage de quelques « illuminés » sympathiques mais marginaux, la protection de l’environnement devient affaire d’Etat dans les 60's. Quelques hauts fonctionnaires, plus conscients que les autres, évitent un bétonnage intégral. Philippe Saint-Marc fait partie de ces énarques "mordus" d’environnement.

C’est à lui que l’on doit la préservation des Landes et de la vallée de Chevreuse. Le gouvernement le charge de faire un nouveau « Sarcelles sur mer », comme pour la Côte d’Azur. Contre toute attente, il opte pour une répartition harmonieuse de la population et des touristes. Le recul de la marée grise est en marche, le Conservatoire du littoral viendra plus tard en… 75.

Trois ans après les parcs naturels, en 1963, on crée la DATAR. Elle a, entre autres, la fonction d’intégrer la préservation de la nature à l’aménagement du territoire. Les espaces naturels font désormais partie des équipements collectifs auxquels chaque français a droit. Face à des associations « naturalistes » spécialisées, les institutions se montrent capables d’inventer une approche pluridisciplinaire et surtout pratique.

Sous les pavés, l'écologie ?

Les lanceurs de pavés de 68 donnent le la d’un écologisme revendicatif. Audace suprême, scientifiques et universitaires se joignent à la fronde tandis que l’écologie devient une discipline « académique » enseignée à la faculté. Les écologistes universitaires ou non et leurs associations n’ont plus peur de défiler pour défendre leurs opinions. On défile à vélo pour dénoncer la construction des voies sur berges à Paris.

Les associations de clocher se fédèrent nationalement. Deux grandes ONG américaines, le WWF et Les Amis de la Terre arrivent sur la scène nationale. Elles apportent dans leurs bagages, une nouvelle forme d’action médiatique fondée sur le lobbying. Cet « atlantisme environnemental » contrarie de Gaulle qui veut placer un ancien gouverneur de l’Indochine à la tête du WWF France !

Les manifestations anti-nucléaires se multiplient à partir de la construction de la centrale de Fessenheim en 70. Pendant quelques années, l’opposition à l’atome permet une union sacrée des forces écologistes et pacifistes. Ce front commun ne résiste pas à la première candidature écolo à la présidentielle de 74. Le scrutin scinde les écolos en de multiples tendances que nous leur connaissons. Certains doutent du bien-fondé de l’écologie politique.
N’aurait-il pas mieux fallu écologiser la politique plutôt que de politiser l’écologie ? D’autres rêvent de parti écologiste ou d’autogestion.

Antoine Livoure

L’écologie sauce U.S

Objet de toutes les opprobres écologiques, les USA n’en sont pas moins l’un des pères fondateurs de l’écologie. Petit passage en revue de ces pionniers venus d’Outre-Atlantique, sans qui le vert ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui.

Henry Thoreau, l'homme des bois

Commençons par le « Rousseau yankee », Henry Thoreau (1817-1862). Pétri de romantisme envers l’état de nature, il conserve cependant le pragmatisme propre aux colons. Enfant d’un industriel de la Nouvelle-Angleterre, il découvre rapidement que l’éthique protestante du travail l’ennuie. Après deux ans à Harvard, au cours desquels il s’initie à la spiritualité orientale, le voici qui se retire dans les bois pour communier avec la nature. De cette expérience sortira son œuvre majeure « Walden ou la vie dans les bois », hymne à la compréhension entre tous les êtres et manuel pratique de vie au grand air.

Cet ouvrage développe une conception quasi religieuse de la nature, qui rappelle un autre grand penseur de l’époque, Ralph Waldo Emerson. Emerson est le pape du Transcendantalisme, pour qui la nature est un moyen d’union avec Dieu. Thoreau n’en reste pas moins les pieds sur Terre et propose une réflexion économique proche des théoriciens actuels de la décroissance. Il oppose la préoccupation unique pour le confort matériel à une simplicité volontaire qui permet de prendre conscience de son appartenance à la communauté des êtres vivants.

Engagé par ailleurs dans un combat politique contre l’esclavage, il développe l’idée de « résistance civile » qui sera reprise ultérieurement par Ghandi. Méconnu de la plupart, Thoreau reste surtout célèbre pour cet acte fondateur des mouvements contestataires contemporains.

John Muir, ermite politique


Au-delà de la vieille Amérique des Pères fondateurs sur la côte est, il y a l’Amérique des pionniers, celle qui repousse toujours plus loin les frontières de l’ouest. Ce parcours, c’est celui de John Muir, un écossais venu s’installer avec sa famille par delà l’océan. D’abord ingénieur autodidacte, il se transforme en naturaliste itinérant parcourant les Etats-Unis à la recherche de ses plus beaux sites. Finissant par se fixer à l’ouest dans les terres alors vierges de la Californie, il se prend de passion pour la Yosemite valley. A la fois penseur et scientifique, John Muir possède un sens aigu de l’observation. Faisant oeuvre de géologue, il élabore une théorie sur le rôle des glaciers dans la formation de sa vallée chérie.

L’homme ne se contente pas d’être passionné, il sait convaincre. Il orchestre de véritables campagnes de presse pour lutter contre le pâturage des troupeaux dans ce qu’il estime être le temple de la nature. Dans le feu de l’action, il se fâche avec un ancien ami, Gifford Pinchot. Cet ingénieur forestier est partisan d’une utilisation rationnelle de l’environnement. Pour Muir, la nature a une valeur esthétique et morale intrinsèque. Elle ne doit pas être totalement domestiquée. Cette conviction, il l’impose au président Théodore Roosevelt, qu’il invite à une partie de camping dans la Yosemite valley. L'endroit sera désormais parc national. Il laisse à la postérité la première ONG environnementaliste de l’histoire : le Sierra club fondé en 1892.

Aldo Leopold, le repenti de l'utilitarisme

Aldo Leopold est un repenti de l’utilitarisme, un ancien élève de Pinchot, qui critique radicalement sa vision uniquement gestionnaire de l’environnement.
Il passe des années aux Eaux et Forêts américaines où il est un grand spécialiste de la préservation des « ressources » en gibier. Puis intervient une sorte de « révélation » progressive sur les liens entre civilisation industrielle et environnement. D’exterminateur systématique des prédateurs « nuisibles », il devient leur protecteur. Le bureaucrate désabusé se transforme en prophète de la préservation de la nature inviolée. Il ne peut plus supporter la course au productivisme qui sous-tend la politique environnementale de l’époque.

Son livre le plus réputé, « Almanach d’un comté des sables » reprend la veine du naturaliste poète. Il y décrit minutieusement l’environnement naturel d’une vie champêtre. D’une vision de technocrate spécialisé et obsédé par le rendement, l’individu retrouve un lien intime avec la terre. D’un point de vue centré uniquement sur les intérêts humains, la culture humaine englobe l’ensemble de la vie.

Sa pensée est considérée comme fondatrice de l’écologie profonde, qui reconnaît à chaque être vivant les mêmes droits. La difficulté de ce droit naturel reste que ses principaux protagonistes, animaux et plantes, ne peuvent guère intenter de procès à l’humanité !


Anne Villet

Aux racines de l’écologie, la science

Le mot écologie n’apparaît qu’à la fin du XIX° siècle. L’ambition d’expliquer l’organisation générale du vivant sur Terre par le milieu et l’interdépendance des êtres, remonte elle, au siècle des lumières et des encyclopédistes…

Entre Science et religion

Aux origines de la discipline, tout n’est pas clair entre science, philosophie et religion. En cette fin du XVIII° siècle, « l’objectivité » scientifique se marie souvent avec des influences antiques et chrétiennes.

Le grand naturaliste de l’époque, le suédois Carl von Linné (1707-1778) est un fils de pasteur anobli. Le « prince des naturalistes » propose la première classification des plantes en genres et espèces. Il a aussi son idée concernant les liens qui lient les unes aux autres. Pour lui, la nature est une chaîne. Du ver de terre qui aère le sol à l’homme qui cultive, chacun tient une place nécessaire à l’harmonie de l’ensemble.
Cette vision qui peut sembler par certains égards moderne, n’est cependant pas dépourvue d’un arrière-plan religieux. Dans cette mécanique divine parfaite, aucune espèce ne disparaît, ni ne se transforme. Cette « économie de la nature » (titre de l’œuvre de Linné) a le mérite d’avancer une hypothèse générale mêlant le végétal et l’animal pour expliquer le fonctionnement de la vie. Cette conception de la Nature comme une « machine bien huilée » mêle justification de la domination humaine sur l’environnement et respect pour l’œuvre divine. Elle est l’exemple vivant d’une « Théologie naturelle » qui mixe observations de terrain et louanges divines.

Depuis le début du siècle, plusieurs religieux ont suivi ce chemin. Parmi eux, l’anglais Gilbert White, prêtre anglican panthéiste et l’abbé français Pluche, partisan d’un « christianisme scientifique ». En fait, il s’agit de montrer le génie du Tout-puissant qui désigne l’homme comme « gestionnaire » de sa création. D’aucuns prétendent même que les traits du melon sont destinés à faciliter le partage !

Réconcilier milieux et êtres vivants

Nous voici quelques décennies plus tard entre l’Allemagne et l’Amérique du sud avec le prussien Alexander von Humbolt (1769-1859). De ses expéditions dans les Andes, il ramène une théorie de la répartition des espèces selon l’altitude et la latitude. Son ambition n’est rien moins qu’établir une carte du vivant sur Terre grâce aux conditions climatiques. On dit de lui qu’il est l’un des derniers « hommes universels ». Un touche-à-tout se piquant tout autant de physique, de chimie que de botanique ou de peinture. Son frère, linguiste et politique libéral lui a ouvert les portes d’une certaine élite intellectuelle.

Non content d’élaborer une nouvelle théorie scientifique, le voici qui vante l’harmonie des massifs végétaux tel un peintre. A l’image de Goethe, un de ses amis, il regarde la nature avec des yeux à la fois objectifs et admiratifs. Mais nous ne nous y trompons pas, Von Humbolt établit de manière systématique le lien entre flore et situation géographique, il fait de l’écologie.
Oui mais voilà, l’altitude et la latitude n’expliquent pas tout. C’est à l’aide de l’histoire de la Terre et des espèces que d’autres se chargeront d’expliquer la variété des formes de vie sous les mêmes climats. Une nouvelle discipline est née, la biogéographie, qui lie localisation et êtres vivants.

A la recherche de l'équilibre des écosystèmes

Autre révolution, autre continent, avec Frederic Clements (1874-1945), le natif des grandes plaines américaines devenu universitaire. A la manière de Darwin, le professeur de l’Arkansas voit la nature de manière dynamique. Il est l’historien de la « conquête » de nouveaux territoires par les espèces végétales et animales.

Pour lui, bêtes et plantes sont liées entre elles comme les organes d’un corps. Comme tout organisme, celui-ci tend à s’accroître, à occuper une surface de plus en plus importante. Cette colonisation n’est pas chaotique. Elle se fait par étapes pour finir sur un état d’équilibre, le climax.
Cet aboutissement est déterminé par le climat et le vent. N’oubliant pas ses racines, Clements prend pour exemple sa grande prairie natale. Dans ces hautes herbes, cohabitent des espèces depuis des millénaires. Il pense avoir sous ses yeux, une illustration d’un état d’équilibre de la nature après une longue histoire d’essais infructueux et de succès.

Ebahi par cette longévité, Clements est témoin de sa destruction par l’homme blanc. Ironie historique, c’est justement de l'image de ces pionniers que s'inspire sa théorie. La conquête de l’ouest, telle les vagues successives de végétaux et d’animaux, tend à s’étendre et à s’intensifier. Les résultats s'en ressentiront quelques décennies plus tard. Dans les années trente, une tempête de poussière ravage les grandes plaines. A partir de ce moment, l’homme est une force « naturelle » avec laquelle les climax doivent compter…

Olivier Moulergues