Pour ce débat sur les finances et l'environnement, deux mondes se font face. La nébuleuse des ONG environnementales représentée par Yann Louvel des Amis de la Terre et Eric Cochard de la banque de financement et d'investissement Calyon (hybride du Crédit agricole et du Crédit Lyonnais) pour le camp des financiers responsables.
Avant de rentrer dans la polémique écologique, une brève initiation au système financier s'impose. En effet, l'activité des banquiers ne se réduit pas au guichet du coin de la rue. Outre l'épargne et le prêt aux particuliers et petites entreprises, il existe toutes les activités liées aux marchés financiers et au financement de projets industriels et d'entreprises. C'est justement dans ce dernier secteur que sont commises les destructions sur l'environnement les plus importantes. Eric Cochard travaille précisément pour rendre les projets financés par Calyon plus responsables. Comme les autres grands groupes financiers français, Calyon a adopté une ligne de bonne conduite appelée Principes Equateur. Equateur c'est l'obligation pour la banque signataire d'évaluer son projet du point de vue environnemental et de s'engager à minimiser ses retombées. C'est aussi respecter la démocratie locale en organisant des consultations de la population. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ?
Seulement voilà, les principes Equateur ne s'appliquent qu'à une infime partie des sommes brassées. Eric Cochard est bien d'accord sur ce point mais veut mettre les choses au clair concernant la responsabilité des banquiers. Si c'est dans cette activité bancaire que la responsabilité environnementale est la plus présente, c'est parce que c'est l'un des rares domaines où la banque peut contrôler l'usage de ses financements. Elle sait pour quel projet précis, elle donne son argent. Elle a les moyens juridiques de mettre des conditions à sa réalisation. Pour le reste de ses activités, l'usage de l'argent prêté est peu lisible et/ou il n'est pas possible de poser des conditions à son emploi. Le banquier n'est qu'un acteur économique parmi d'autres. Eric Cochard invite à se tourner aussi vers les politiques, notamment pour tout ce qui concerne les choix de développement industriel.
S'il admet l'implication des institutions publiques, Yann Louvel replace la discussion sur le terrain des banques. La marge d'amélioration lui semble encore importante. De la centrale nucléaire en zone sismique, au champ pétrolier géant en passant par les centrales à charbon, les grands groupes financiers français investissent majoritairement dans le non-renouvelable et le polluant. Les Amis de la Terre préconisent de comptabiliser la totalité du CO2 émis par les activités financés et d'augmenter massivement l'investissement dans les énergies renouvelables. Pour faire pression, l'ONG propose aux citoyens de choisir leurs banques selon leurs impacts sur l'écosystème. La Nef et le Crédit Coopératif arrivent en tête du classement pour leur bon comportement écologique et éthique.
Dans le public, le débat va plus loin. La question est posée de la nécessité des banques et des prêts. L'efficacité du lobbying individuel des particuliers dans le changement des pratiques bancaires est débattue. Il apparaît que l'action sur les banques ne peut être qu'une partie d'une politique économique écologique plus générale. Le secteur bancaire n'est que la partie émergente de l'iceberg .
(conférence sur les banques et l'écologie)
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