« La Terre sinon rien » est une liste défendant le Bonheur intérieur brut, indicateur économique prenant en compte les richesses écologiques et sociales non-marchandes. Rencontre avec Françoise Castany, avocate et tête de liste pour les élections européennes de juin 2009.
Quel parcours personnel vous a-t-il conduit à devenir une militante écologiste ?
« Je ne me sens pas militante écologiste. Je me sens citoyenne de la terre c’est tout. J’ai d’abord travaillé comme attaché de presse dans différents cabinets ministériels puis au sein de grandes entreprises. Je n’avais pas d’intérêt particulier pour l’écologie et trouvais ça plutôt ennuyeux. Ma passion pour la plongée sous-marine m’a conduite aux quatre coins du globe. C’est en pratiquant ce sport que je me suis rendue compte des dégâts sur les récifs coralliens et de l’extinction des requins. On ne peut pas massacrer des choses aussi belles pour rien. Si au moins on faisait péter la planète et qu’on s’amusait ! »
Pourquoi centrer votre programme sur un nouvel indicateur économique ?
« Je ne crois pas aux lois écologiques sectorielles et nationales. Ce qu’il faut changer c’est la logique économique donc la mesure de la richesse. Cela conditionne tout le reste. Les nouveaux indicateurs économiques inciteront les gouvernements à subventionner plus l’agriculture biologique, les énergies renouvelables, les transports en commun et la recherche. L’agriculture biologique, les énergies renouvelables et les transports en commun créant plus d’emploi que les secteurs conventionnels, le chômage se verra du même coup atténué. C’est comme cela que l’on crée un cercle vertueux. »
Le Bonheur intérieur brut est-il une mesure réaliste ?
« La notion de Bonheur intérieur brut a été conçue pour le petit royaume du Bhoutan, elle n’est donc pas transposable à l’Europe entière. En revanche, cela symbolise notre volonté d’en finir avec le PIB. Le PIB a été conçu après 1945 dans un stade de développement différent d’aujourd’hui. Aujourd’hui, on ne peut pas continuer avec un indicateur qui donne la même valeur aux produits polluants ou à la chimie verte, à la dépollution ou à la protection des milieux et qui ne comptabilise pas les services rendus par les écosystèmes ou le travail bénévole. Une pondération doit exister entre les différentes formes de croissance. »
Comment instaurer ce Bonheur intérieur brut ?
« En faisant voter une loi européenne qui contraigne les dirigeants des Etats membres à adopter des indicateurs économiques qui prennent en compte richesses écologiques et sociales. Les résultats de la commission Stieglitz pour la mise au point de nouveaux indicateurs de progrès économique et social commandés par Nicolas Sarkozy, doivent être appliqués au niveau européen. De nombreuses personnes, comme Patrick Viveret, ont déjà travaillé sur le sujet, maintenant il faut agir ! »
Rien n’a été tenté par les politiques jusqu’à présent ?
« Si les politiques et les partis avaient encore en tête l’intérêt général, il n’y aurait pas besoin de parler d’écologie. L’écologie n’est que l’intérêt général à long terme, elle n’est ni de gauche ni de droite. La perversité du système actuel est de nous faire croire qu’il n’existe rien d’autre de possible. »
Que pensez-vous de la Décroissance ?
« Je ne sais pas ce que l’on appelle la décroissance et je me méfie des mots qui créent des clivages. Je suis pour la décroissance des imbécillités. Ça c’est sûr. Il faut d’abord inciter les gens à consommer mieux. Cela peut-être moins mais pas seulement. Une démarche collective qui ne se base pas sur une démarche individuelle, c’est le retour de la dictature. Nous devons arrêter la croissance des produits inutiles. Le coût de l’impact écologique et social des produits que nous achetons doit être comptabilisé dans leurs prix. »
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